112 pages. 13th March 2025. World rights available
Le film s’ouvre sur la fin du XIXe siècle. Fanette, qui officie comme bonne dans un château de campagne, se confronte à sa pénible condition de fille-mère, génitrice d’une petite Cécile bientôt surnommée « la bâtarde ».
Le discrédit est tel qu’il hantera la famille sur cinq générations, jusqu’à fonder le mythe familial : celui d’une hypothétique ascendance aristocratique. Chaque maillon de la chaîne générationnelle va cultiver ce même désir de s’extraire de la gangue populaire et de gravir les marches de la réussite.
Mais entre ascensions sociales et bascules de l’Histoire, les descendants de la pauvre Fanette connaîtront des destins contrastés et souvent contrariés. Il est tant de manières d’être pauvre – et tant d’être noble.
Un film, c’est d’abord ce que chacun se raconte – ou a besoin de se raconter. Le Film du peuple, c’est la somme de toutes ces histoires que les familles se transmettent de génération en génération, ces histoires dont elles savent taire savamment les secrets, les hontes et les reniements. C’est l’arbre généalogique du mérite et de la soif d’embourgeoise- ment, le spectacle immémorial, amer et acide du désir d’arriver, la description par le menu de ce que l’on désigne parfois par l’expression « transfuges de classe ». C’est une lecture implacable de la petite fabrique des déterminismes sociaux.
Christel Périssé anime des ateliers d’écriture. Elle a publié un premier roman aux Éditions Rivages, Il n’y a pas de grand soir (2012) et L’Art du dressage aux Éditions du Sonneur en 2023.
The People’s Film opens on the end of the 19th century. Fanette, who is a maid in a country castle, confronts her difficult condition as a daughter-mother, the progenitor of a little Cécile soon to be nicknamed «the bastard». The discredit is such that it will haunt the family for five generations, until founding the family myth: that of a hypothetical aristocratic ancestry. Every link in the generational chain will cultivate that same desire to break out of the popular gang and climb the ladder of success. But between social ascents and the swings of history, the descendants of poor Fanette will experience contrasting fates and often upset. There are so many ways to be poor – and so many ways to be noble.
A film is first and foremost what people tell themselves – or need to tell themselves. The People’s Film is the sum of all these stories that families pass on from generation to generation, these stories they know how to cleverly conceal their secrets, their dishonors and denials. It is the family tree of merit and thirst for gentrification, the immemorial spectacle, bitter and acidic, of the desire to arrive, the menu description of what is sometimes referred to as the expression «class defectors». It is a relentless reading of the small factory of social determinism.
Christel Périssé runs writing workshops. Her first novel, Il n'y a pas de grand soir (2012), was published by Éditions Rivages and L’Art du dressage at Éditions du Sonneur in 2023