224 pages. January 2024. World rights available
La voix des femmes a été occultée par l’Église catholique depuis le début de son histoire, tandis que des siècles de christianisme ont véhiculé l’idée selon laquelle le mal est entré dans le monde par la faute d’une femme. La peinture, les légendes, les catéchismes, tout invite à se méfier de celles qui, à l’instar d’Ève, écoutent le « serpent » et poussent les hommes à transgresser les lois pour le malheur de tous.
Sur quel fond de peur a-t-on pu fabriquer ce scénario qui culpabilise et asservit la moitié de l’humanité quand rien dans la Genèse et encore moins dans le Nouveau Testament n’accuse ainsi les femmes ? Quels biais de lecture ont présidé à de telles interprétations ?
Celles-ci ne proviennent que d’une seule source, celle des clercs, tous masculins, tous célibataires. Il n’est donc pas surprenant qu’au milieu du XXe siècle, les femmes catholiques accédant enfin à la lecture de la Bible aient découvert où se logeait la supercherie de leur éviction, et la source de leur subordination au pouvoir masculin : pas dans la Bible elle-même, mais dans l’écart entre le texte et l’interprétation, dans l’enseignement biaisé et les omissions de ceux qui leur transmettaient le message.
On s’adresse à un Père, on honore la puissance virile d’un Seigneur Tsebaôth (Dieu des armées) et, d’un symbole à l’autre, on réduit le féminin à ne pas être tout à fait autant image de Dieu que le masculin. Pour parachever cette symbolisation orientée, le discours ecclésial étaie de multiples manières l’organisation d’une société dont sont exclues les femmes : soit en pointant leur infériorité intellectuelle et physique, comme ce fut le cas durant de nombreux siècles, soit – et c’est plus récent – en sublimant leur dignité pour mieux les exclure des postes d’un pouvoir trop « prosaïque » pour elles.
La seule façon possible de débouter les structures patriarcales est de remettre en lumière les qualités féminines de Dieu et les illustrations des hauts faits féminins qui traversent toute la Bible.
C’est le projet de cet ouvrage qui montre que l’Écriture, depuis la Genèse jusqu’au quatrième Évangile, porte un tout autre témoignage que celui inculqué par le patriarcat, invitant à une pleine égalité entre les femmes et les hommes.
L’autrice, une fois le paysage biblique débarrassé de ses biais interprétatifs, propose de reconstituer une ecclésiologie plus conforme à l’impulsion qu’a suscitée le Christ pour son Église : repenser l’Église à partir de l’égalité baptismale et sortir des infantilisations et diabolisations qui ont contribué à verrouiller un entre-soi clérical incompatible avec la transmission de la Parole, et étranger à ce que dit le Nouveau Testament.
Ce livre apporte un fondement théologique à l’idée que, à la suite de la mère de Jésus et de bien d’autres femmes que l’enseignement patriarcal a invisibilisées, la moitié du peuple de Dieu que constituent les femmes doit prendre toute sa place dans l’Église, à l’égal des hommes. Ce qui passe par une nécessaire décléricalisation de l'Eglise : la fonction du prêtre est un contresens au regard de l'Evangile. L'Eglise n'a nul besoin de figures sacralisées forcément masculines qui imposent leur autorité à la communauté des croyants.
Cette relecture salvatrice rend au message de l’Évangile sa force, sa vérité et sa joie. Et offre un futur souhaitable à une Église qui étouffe.
Sylvaine Landrivon est docteure en théologie, autrice de plusieurs monographies sur la place des femmes dans la Bible et l’Église catholique, dont Faites-les taire... Judith, un enseignement subversif (Olivétan, 2014) et Les Leçons de Béthanie (Cerf, 2022). Elle est membre de l’Association internationale des théologiennes catholiques, du Comité de la jupe et de l’association Toutes Apôtres !, au travers de laquelle elle a déposé sa candidature au nonce apostolique de France pour devenir évêque. (voir cet article dans Elle : https://www.elle.fr/Societe/News/Sylvai ne-Landrivon-menacee-de-mort-apres-avoir-bouscule-l-Eglise- catholique-3872161).
The voice of women has been obscured by the Catholic Church since the beginning of its history, while centuries of Christianity have conveyed the idea that evil entered the world through the fault of a woman. Paintings, legends, and catechisms all warn us to be wary of women who, like Eve, listen to the 'serpent' and push men to transgress the laws, to the misfortune of all.
What was the basis for this scenario, which makes half of humanity feel guilty and enslaves them, when there is nothing in Genesis, and even less in the New Testament, to accuse women of this? What reading biases have led to such interpretations?
They come from only one source, that of the clerics, all male and all celibates. So it's not surprising that in the middle of the XXth century, Catholic women who were finally able to read the Bible discovered where the deception of their eviction lay, and the source of their subordination to male power: not in the Bible itself, but in the gap between the text and the interpretation, in the biased teaching and omissions of those who passed on the message to them.
We address a Father, we honour the virile power of a Lord Tsebaôth (God of hosts) and, from one symbol to another, we reduce the feminine to not being quite as much an image of God as the masculine. To complete this oriented symbolisation, ecclesial discourse supports in many ways the organisation of a society from which women are excluded: either by pointing out their intellectual and physical inferiority, as was the case for many centuries, or - and this is more recent - by sublimating their dignity to better exclude them from positions of power that are too "prosaic" for them.
The only possible way to break down patriarchal structures is to highlight the feminine qualities of God and the illustrations of feminine deeds that run throughout the Bible.
This is the aim of this book, which shows that Scripture, from Genesis to the Fourth Gospel, bears an entirely different witness to that inculcated by patriarchy, calling for full equality between women and men.
Once the biblical landscape has been cleared of its interpretative biases, the author proposes to reconstitute an ecclesiology that is more in line with the impetus that Christ gave to his Church: to rethink the Church on the basis of baptismal equality, and to move away from the infantilisation and demonisation that have helped to lock in a clerical inter-community that is incompatible with the transmission of the Word, and alien to what the New Testament says. This book provides a theological foundation for the idea that, following in the footsteps of the mother of Jesus and many other women who have been made invisible by patriarchal teaching, women, half of the people of God, must take their rightful place in the Church, on an equal footing with men. This means de-criticising the Church: the function of the priest is a contradiction in terms of the Gospel. The Church has no need of sacralised, necessarily male figures who impose their authority on the community of believers.
This saving re-reading restores the strength, truth, and joy of the Gospel message. And it offers a desirable future for a Church that is suffocating.
Sylvaine Landrivon has a doctorate in theology and is the author of several monographs on the place of women in the Bible and the Catholic Church, including Faites-les taire... Judith, un enseignement subversif (Olivétan, 2014) and Les Leçons de Béthanie (Cerf, 2022). She is a member of the International Association of Catholic Women Theologians, the Comité de la jupe and the Toutes Apôtres! association, through which she has applied to the Apostolic Nuncio of France to become a bishop (see this article in Elle : https://www.elle.fr/Societe/News/Sylvaine-Landrivon-menacee-de-mort-apres-avoir-bouscule-l-Eglise- catholique-3872161).