La menace que la catastrophe écologique fait peser sur l’humanité rend précieuse l’œuvre de Murray Bookchin. Ce livre propose de la faire découvrir à un large public. Bookchin est davantage qu’un théoricien cherchant à critiquer les processus historiques et les institutions par lesquelles l’humanité́ s’est engagée dans une voie si dangereuse. C'est ce qui distingue sa pensée parmi les nouvelles humanités écologiques. Il a construit avec "l’écologie sociale" une approche nouvelle qui rend inséparables l’analyse de la société et celle de la nature pour faire émerger une société́ écologique, qui intègre en elle le développement de la nature non-humaine. Bookchin articule un horizon d’émancipation pour les humains comme pour les non-humains à une proposition politique précise : le "communalisme". L’écologie sociale donne la clé de son approche : « l’obligation qui est faite à l’humain de dominer la nature découle directement de la domination de l’humain sur l’humain ». Autrement dit, les problèmes écologiques ont des causes sociales qui doivent être recherchées dans les structures sociales de domination, à la fois dans celle de l’exploitation capitaliste mais aussi dans les structures hiérarchiques reposant sur des inégalités de genre, de race et d’âge. L’extension du système capitaliste a mis une telle pression et provoqué de si grandes transformations sur les équilibres biologiques qu’il ne peut plus être seulement compris comme un système d’organisation économique, mais comme une « écologie-monde ». Il est donc devenu impossible de penser la révolution autrement qu’en des termes écologiques. L’écologie ne peut donc être réduite à des formules creuses comme la réduction de notre impact sur la nature ou le respect de l’environnement. Elle signifie rien moins qu’une transformation profonde de notre pratique du monde.

The threat posed to humanity by ecological catastrophe makes Murray Bookchin's work so valuable. This book aims to bring it to a wider audience. Bookchin is more than a theorist seeking to critique the historical processes and institutions by which humanitý has embarked on such a dangerous course. This is what distinguishes his thinking among the new ecological humanities. With ‘social ecology’ he constructed a new approach that makes the analysis of society and that of nature inseparable in order to bring about the emergence of an ecological societý that integrates within itself the development of non-human nature. Bookchin articulates a horizon of emancipation for humans and non-humans alike with a precise political proposal: ‘communalism’. Social ecology provides the key to his approach: ‘the obligation placed on humans to dominate nature stems directly from the domination of humans over humans’. In other words, ecological problems have social causes that must be sought in the social structures of domination, both in that of capitalist exploitation and in hierarchical structures based on gender, race and age inequalities. The extension of the capitalist system has put such pressure on biological equilibria and brought about such major transformations that it can no longer be understood solely as a system of economic organisation, but also as a system of social organisation.