288 pages. March 2024. World rights available
Au centre de la signification d’À la recherche du temps perdu, dans le Temps retrouvé, apparaît le cinéma. Plus exactement, la nature du filmique s’y cache, bien malgré Proust qui le rejetait, au détour d’une image : la métaphore de la queue de paon. Celle-ci s’avère être un écran blanc sur lequel est projeté, en couleurs, un événement passé. Comme si l’on ne pouvait désormais, au XXe siècle, faire l’économie de la pellicule pour dire la mémoire. Cette découverte est relue à la lumière de six films intimement liés à la question mémorielle – de Sunset Boulevard de Billy Wilder à La Grotte des rêves perdus de Herzog, passant par une mémoire-détective (Spellbound de Hitchcock et Memento de Nolan) et deux grands Resnais (Hiroshima mon amour, On connaît la chanson). S’ils révèlent que tout film sur la mémoire est aussi un film sur le cinéma, ce n’est pas le moindre des paradoxes d’y découvrir aussi une réflexion sur le texte. Ils nous apprennent quelque chose de la littérature – et pas la moindre ici, puisqu’ils nous enseignent à lire Proust.
Marie Gil est essayiste, romancière et spécialiste de la littérature française du XXe siècle, elle est actuellement et co-directrice de l’équipe “Barthes” à l’ITEM/CNRS. Elle s’est faite connaître pour l’originalité de sa position sur la question biographique, qu’elle a appliquée à une biographie de Roland Barthes (Au lieu de la vie, Flammarion, 2012) et pour ses lectures des textes littéraires en anagrammes. Elle est également l’auteur de deux romans, Est (MF, 2015) et L’Axe de Cendre (MF, 2018). Elle enseigne depuis 2016 la culture générale en classes préparatoires à Paris.
At the heart of the meaning of In Search of Lost Time, in Time Regained, appears the cinema. To be more precise, the nature of the filmic is hidden there, despite Proust's rejection of it, in an image: the metaphor of the peacock's tail. This turns out to be a white screen onto which a past event is projected in colour. It is as if, in the twentieth century, we could no longer do without film to express memory. This discovery is re-examined in the light of six films closely linked to the question of memory - from Billy Wilder's Sunset Boulevard to Herzog's Cave of Lost Dreams, via a detective-memory (Hitchcock's Spellbound and Nolan's Memento) and two great Resnais films (Hiroshima mon amour, On connaît la chanson). If they reveal that every film about memory is also a film about cinema, it is not the least of paradoxes to discover in them a reflection on the text. They teach us something about literature - and not least, they teach us how to read Proust.
Marie Gil is an essayist, novelist, and specialist in twentieth-century French literature. She is currently co-director of the "Barthes" team at ITEM/CNRS. She has made a name for herself for the originality of her position on the biographical question, which she applied to a biography of Roland Barthes (Au lieu de la vie, Flammarion, 2012) and for her readings of literary texts in anagrams. She is also the author of two novels, Est (MF, 2015) and L'Axe de Cendre (MF, 2018). She has been teaching general culture in preparatory classes in Paris since 2016.