216 pages. 2022. World rights available
Le jazz, qui apparaît comme un phénomène esthétique majeur du XXe siècle, a pourtant été délaissé par la philosophie qui en a été contemporaine. Ce désamour de la philosophie à l’égard du jazz se mesure à deux niveaux : d’une part à la rareté des écrits philosophiques qui lui sont consacrés, d’autre part à la dureté du traitement qui lui a été généralement réservé. Mais alors, quel sens donner à ce silence « philo-phonique » à propos du jazz ? Pourquoi les philosophes contemporains du siècle du jazz ne se sont-ils jamais véritablement intéressés à sa dimension esthétique ? Et pourquoi n’ont-ils pas davantage porté attention à ses revendications politiques, alors même que celles-ci ont donné lieu à de vifs débats dans les années 1960-1970 ?
L’objectif de cet essai ne consiste pas à exposer des éléments conceptuels sur lesquels on pourrait faire reposer une philosophie du jazz, mais plutôt à faire émerger le sens philosophique de ce « rendez-vous manqué » entre le jazz et la philosophie. La philosophie, face au jazz, semble devoir se confronter à ce qui lui échappe : l’ampleur des processus de dénégation mis en place par certains auteurs pour ne pas le prendre en considération semble témoigner du fait que le jazz résiste bel et bien à son appréhension philosophique.
Diplômée en philosophie et docteur en esthétique, Joana Desplat-Roger est directrice de programme au Collège international de philosophie. Elle enseigne actuellement l’esthétique et la philosophie de l’art à l’Université de Rennes 2 (ATER).
Elle est rédactrice scientifique de L’Art comme jeu de François Zourabichvili (PUN, 2018), et a coédité l’œuvre collective Adorno contre son temps (PUN, 2019). Elle est membre du comité de rédaction de la revue Rue Descartes (CIPh), ainsi que de la revue scientifique en ligne Epistrophy - La revue de jazz (www. epistrophy.fr).
But then, what is the significance of jazz as a major aesthetic phenomenon of the twentieth century? Philosophy's disenchantment with jazz can be measured on two levels: on the one hand, by the scarcity of philosophical writings devoted to it, and on the other, by the harsh treatment it has generally received. But then, what is the meaning of this "philo-phonic" silence about jazz? Why have contemporary philosophers of the jazz century never really taken an interest in its aesthetic dimension? And why haven't they paid more attention to its political claims, even though these gave rise to lively debate in the 1960s and 1970s?
The aim of this essay is not to set out conceptual elements on which a philosophy of jazz could be based, but rather to bring out the philosophical meaning of this "missed appointment" between jazz and philosophy. Philosophy, faced with jazz, seems to have to confront what escapes it: the extent of the processes of denial put in place by certain authors to avoid taking it into consideration seems to bear witness to the fact that jazz does indeed resist its philosophical apprehension.
Joana Desplat-Roger has a degree in philosophy and a doctorate in aesthetics and is Program Director at the Collège international de philosophie. She currently teaches aesthetics and art philosophy at the University of Rennes 2 (ATER—Art History Department).
She is the scientific editor of François Zourabichvili's L'Art comme jeu (PUN, 2018), and co-edited the collective work Adorno contre son temps (PUN, 2019). She is a member of the editorial board of the journal Rue Descartes (CIPh), as well as of the online scientific journal Epistrophy—La revue de jazz (www. epistrophy.fr).