96 pages. 23rd January 2026. World rights available
Comment, à l’héritage intellectuel du libéralisme des Lumières, a pu se substituer une théorisation de l’égoïsme rationnel, habillée des parures d’une liberté essentiellement réduite au seul champ économique ?
Le libéralisme classique portait haut l’idée d’une lutte pour la souveraineté et contre l’arbitraire de quelques-uns. À l’inverse, le (néo)libéralisme contemporain voue une véritable défiance à l’idée de la moindre régulation : c’est le refus des règles, même décidées collectivement. Ce fabuleux retournement a cela de puissant qu’il permet de taxer de « liberticide » toute critique du système économique.
Tout d’abord, Amine Messal s’attache à montrer pourquoi le néolibéralisme contemporain – récemment dégénéré dans le libertarianisme porté par Donald Trump ou Elon Musk – contredit l’intuition libérale classique, qui était mue par le refus de l’autoritarisme politique et religieux, des privilèges et de l’arbitraire.
Dans un second temps, l’auteur esquisse ce que pourrait être aujourd’hui une position politique fidèle à l’héritage libéral, pour mieux observer le fossé qui la sépare des autoproclamés défenseurs de la liberté. Dès lors, le rapprochement actuel des « libéraux » avec l’extrême droite devient immédiatement plus clair : on ne s’étonnera pas que le maintien forcené de l’arbitraire économique puisse impliquer l’arbitraire identitaire, et donner lieu à la remise en cause de la véritable liberté – de parole, de moeurs, de circulation, etc.
Aussi, soit nous acceptons de nommer « libérale » une société qui foule au pied notre destin social et qui dénie toute autonomie de décision sur l’objet, les conditions et le fruit de notre travail ; soit nous devons retirer le vocable usurpé de « libéral » à ceux qui ressemblent de plus en plus à de nouveaux tyrans.
Amine Messal est normalien et ingénieur, diplômé de l’ENS Paris-Saclay, de l’École Centrale de Nantes et de l’École d’économie de Paris, où il a également travaillé comme assistant de recherche. Passé par la division Climat des Nations unies, il a participé à de nombreuses mobilisations environnementales, notamment contre l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres.
How did the intellectual legacy of Enlightenment liberalism, rooted in the struggle for sovereignty and against the arbitrary power of the few, give way to a theory of rational selfishness, dressed up as freedom but reduced almost entirely to the economic sphere?
Classical liberalism championed the fight for sovereignty and against the tyranny of arbitrary rule. In stark contrast, contemporary (neo)liberalism harbors deep distrust for even the slightest regulation, rejecting rules even when collectively decided. This remarkable reversal is so powerful that it allows any critique of the economic system to be branded as “freedom-killing.”
First, Amine Messal demonstrates why today’s neoliberalism, recently degenerated into the libertarianism espoused by figures like Donald Trump or Elon Musk, betrays the classical liberal intuition, which was driven by opposition to political and religious authoritarianism, privilege, and arbitrariness.
Next, the author outlines what a political stance faithful to the liberal heritage might look like today, highlighting the chasm that separates it from self-proclaimed defenders of freedom. The current alignment of so-called “liberals” with the far right then becomes immediately clearer: it is no surprise that the relentless defense of economic arbitrariness should lead to identity-based arbitrariness, and ultimately undermine genuine freedoms, of speech, of custom, of movement, and more.
Thus, we face a choice: either we accept calling “liberal” a society that tramples our social destiny and denies us any autonomy over the object, conditions, and fruits of our labor; or we must reclaim the usurped term “liberal” from those who increasingly resemble new tyrants.
Amine Messal is a graduate of the École Normale Supérieure Paris-Saclay, Centrale Nantes, and the Paris School of Economics, where he also worked as a research assistant. He has worked with the United Nations Climate Division and has been involved in numerous environmental campaigns, including protests against the A69 highway project between Toulouse and Castres.