On peut dire du long monologue qu’est coupe-le qu’il s’agit d’un poème de la construction du sujet. Il est composé de quatre chants durant lesquels une suite d’expériences traumatiques aboutit de manière quasiment logico-déductive au passage à l’acte, à travers le flux en apparence désordonné de la vie et de la conscience. Il est tout à fait possible, pertinent et souhaitable, d’entendre dans coupe-le un cri féministe. Mais si un tel parti pris de lecture n’est que bien-pensant, il faut s’attendre à ce qu’il soit constamment mis à mal par un texte dont l’acuité restitue la complexité du désir, loin des mots d’ordre, et au plus près de la vie en ce qu’elle dérange toute aspiration à l’univocité. Tout au long du flux de coupe-le, tandis qu’on se trouve plongé dans la sidération de la seule langue poétique, dans une écriture rhapsodique au sens musical, on a aussi la sensation de comprendre une théorie de la psyché, mais qui surgirait, libre de tout appareillage critique, de la vie même et avec les mots de la vie même. Comme si là et là seulement il était possible de parler sérieusement de ce qui agite les êtres humains : la recherche du réel du se/xe.

coupe-le, a long monologue, can be described as a poem about the construction of the subject. It is made up of four songs, during which a series of traumatic experiences leads, in an almost logico-deductive way, through the seemingly disorderly flow of life and consciousness, to the act. It is entirely possible, relevant and desirable to hear in coupe-le a feminist cry. But if such a reading bias is merely self-righteous, we can expect it to be constantly undermined by a text whose acuity restores the complexity of desire, far removed from watchwords, and as close to life as it gets, insofar as it disturbs any aspiration to univocity. Throughout the flow of coupe-le, as we find ourselves immersed in the awe of poetic language alone, in rhapsodic writing in the musical sense, we also have the sensation of understanding a theory of the psyche, but one that emerges, free of all critical apparatus, from life itself and with the words of life itself. It's as if this is the only way to talk seriously about what moves human beings: the search for the reality of se/xe.