Valérie GERARD PAR AFFINITÉS : AMITIÉS POLITIQUE ET COEXISTENCE Quel est la place de la raison dans le champ politique ? Quels rapports existe-t-il entre pensée logique et sensibilité politique ? Comment coexister avec des êtres humains non choisis ? Comment différencier une logique affinitaire d’une logique identitaire ? Comment articuler réflexion philosophique et engagement politique ? Ce sont quelques-unes des questions que soulève le livre de Valérie Gérard. Sa thèse est que c’est l’orientation affinitaire, sensible, consciemment partiale, plus que la prétention à s’orienter d’après des raisons, qui est la plus à même de faire une place à la coexistence de la multiplicité, parce qu’elle reconnaît l’absence de principe et donc l’illégitimité de toute prétention à l’hégémonie et à l’uniformisation du monde. Par affinités revisite l’histoire de la pensée des affinités et de l’amitié politiques et propose une critique de la domination et de la politique des partis. Il apporte un éclairage sur la question des rapports entre alliances, amitiés et inimitiés dans les luttes politiques, ainsi que sur les mouvements politiques non institutionnels qui ont émergé au cours des dernières années (comme le mouvement des places). Enfin, dans la mesure où la logique affinitaire est anti-hégémonique et anti-institutionnelle, l’autrice la montre à l’œuvre dans certains féminismes radicaux, lieux privilégiés de l’articulation entre la partialité des orientations politiques et la prise en charge de la coexistence non choisie, ce qui permet d’articuler la critique féministe et la critique politique de la philosophie, pour proposer, peut-être, une autre manière de philosopher.

What is the place of reason in the political arena? What is the relationship between logical thought and political sensitivity? How can we link philosophical reflection and political commitment? How can we coexist with unchosen human beings? How can we differentiate between a logic of affinity and a logic of identity? These are just some of the questions raised by this book. Its thesis is that it is the affinitive, sensitive, consciously partial orientation, rather than the claim to orient oneself according to reasons, that is best able to make room for the coexistence of multiplicity, because it recognizes the absence of principle and therefore the illegitimacy of any claim to hegemony and the unifying of the world. Par affinités revisits the history of political affinity and friendship and offers a critique of domination and party politics. It sheds light on the question of the relationship between alliances, friendships and enmities in political struggles, as well as on the non-institutional political movements that have emerged in recent years. Finally, the author shows that the logic of affinity is at work in certain radical feminisms, which are privileged places of articulation between the partiality of political orientations and the assumption of responsibility for unchosen coexistence. This makes it possible to articulate feminist critique and the political critique of philosophy, in order to propose, perhaps, another way of looking at the world.